J'enseigne le management de l'innovation en école de commerce (Kedge Business School) et à l'Université de Bordeaux (Master EIVS). En cherchant à monter un cas d'entreprise industrielle pour mes étudiants afin de réfléchir aux business model et business plan, mais qu'ils pourraient facilement appréhender je tournais autour de la fabrication de petits objets en bois simples. Grand joueur de jeux de rôle, de stratégie, de société, de plateau, de main, de cartes, de réflexion,... j'arrivais au concept de Cubo4 que j'ai ensuite rapidement prototypé et testé avec mes enfants : Eliott (13 ans) et Noé (8 ans).

 

 

Je défiais ensuite un certain nombre d'amis (Olivier, Greg, Alexandre, Saran, David...) pour tester le jeu et éventuellement affiner les règles. Ce premier examen passé il était temps de penser plus sérieusement à amener le projet jusqu'au bout car, comme j'aime bien le répéter à mes étudiants, l'important en innovation c'est l'exécution.

 

Première étape, protéger l'idée, ce qui n'est pas simple pour un jeu. Pierre, un ami, expert en propriété intellectuelle auprès des tribunaux me fit un cours détaillé sur le Rubik's Cube et les solutions plus limitées qui s'offraient à moi faute d'une invention technique protégeable par un brevet. Il n'y en avait qu'une d'efficace : le droit d'auteur. Je déposais donc les règles du jeu à l'INPI avec une liste encyclopédique de variantes possibles y compris dans le monde virtuel (application smartphone, Mod Minecraft...).

 

 

Deuxième étape, j'achevais d'impliquer toute ma famille en associant Sophie, ma femme, artiste tourbillonnante, dans la réalisation des photos pour les règles, du logo, du site, de la campagne Kickstarter... et du nom, un subtil jeu de mots et de puissance pour mathématiciens.

 

Dans la foulée je créais aussi la société "Cube & Box" au départ pour répondre à quelques sollicitations pour des interventions en conseil en innovation ("Think outside the Box") mais avec l'idée que cette structure pourrait aussi héberger le projet Cubo4 ("Cube").

 

La troisième étape me fut offerte par mon employeur : l'Oréal. Les ressources humaines étaient à la recherche d'idées pour animer la soirée de fin d'année du siège de la direction de l'innovation ! Je bondis sur l'occasion, préparais 8 prototypes et organisais un tournoi. Le succès étant au rendez-vous, juste avant Noël, j'en profitais pour tester l'élasticité de mon prix de vente.

 

Partant d'un prix de vente acceptable et du coût de revient de mes prototypes je me plongeais dans la quatrième étape : le Business Plan et une décision : Make or Buy ? Cet exercice fut très réconfortant car j'avais un certain nombre de degrés de liberté me permettant d'essayer de faire plus qu'un jeu avec Cubo4.

Tout créateur met une part de lui-même, de son histoire dans ses projets et je souhaitais promouvoir un développement économique tiré par l'innovation, une autre vision de l'économie sociale et solidaire, la responsabilité sociétale du dirigeant et l'exploitation soutenable de nos ressources naturelles.

 

Une question me préoccupa donc assez rapidement, que faire avec Cubo4 ? Je ré-embauchais donc Sophie, mon artiste tourbillonnante, pour la transformer en acheteuse responsable et construire notre scénario de production :

 

Jouer la carte du développement durable :

 

• En remplaçant les cubes en bois prototypes de provenance inconnue par des cubes issues de forêts européennes gérées selon les certifications FSC ou PEFC, fabriqués en Allemagne (Deutsche Qualität...) selon la norme européenne EN 71 (règles de sécurité pour les jouets) et la directive 2005/84/EG (sans Phtalate),
• En utilisant un vernis à base d'eau,
• En proposant une bourse en 100% naturelle (coton) pour emballer le jeu.

 

Jouer la carte de l'économie sociale et solidaire :

 

La gestion logistique de Cubo4 (commande, mise en sachet des cubes, impression du logo, expédition...) peut facilement être délocalisée, ou... confiée localement à des structures d'aide au retour à l'emploi, accueillant des personnes handicapées...

C'est pourquoi nous nous sommes appuyés sur la Sellerie Parisienne un Etablissement et Service d'Aide par le Travail (ESAT), pour la sérigraphie, l'impression de la notice et la logistique. Si les volumes sont au rendez-vous, ils pourront aussi monter un atelier pour réaliser les pochons.